Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine Et quand il eut donné son obole à Charon, Un sombre mendiant, œil fier comme Antisthène, D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron. Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, … Lire la suite
Archives mensuelles : octobre 2009
L’Homme et la mer – Charles Baudelaire
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur … Lire la suite
Bohémiens en voyage – Charles Baudelaire
La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s’est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes. Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis … Lire la suite
La vie antérieure – Charles Baudelaire
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d’une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant … Lire la suite
Le guignon – Charles Baudelaire
Pour soulever un poids si lourd, Sisyphe, il faudrait ton courage ! Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, L’art est long et le temps est court. Loin des sépultures célèbres, Vers un cimetière isolé, Mon cœur, comme un tambour voilé, Va battant des marches funèbres. – Maint joyau dort enseveli Dans les ténèbres et … Lire la suite
L’ennemi – Charles Baudelaire
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à … Lire la suite
Le mauvais moine – Charles Baudelaire
Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles Étalaient en tableaux la sainte vérité, Dont l’effet, réchauffant les pieuses entrailles, Tempérait la froideur de leur austérité. En ces temps où du Christ florissaient les semailles, Plus d’un illustre moine, aujourd’hui peu cité, Prenant pour atelier le champ des funérailles, Glorifiait la mort avec simplicité. – Mon … Lire la suite
La muse vénale – Charles Baudelaire
Ô muse de mon cœur, amante des palais, Auras-tu quand janvier lâchera ses Borées, Durant les noirs ennuis des neigeuses soirées, Un tison pour chauffer tes deux pieds violets ? Ranimeras-tu donc tes épaules marbrées Aux nocturnes rayons qui percent les volets ? Sentant ta bourse à sec autant que ton palais, Récolteras-tu l’or des … Lire la suite
La Muse malade – Charles Baudelaire
Ma pauvre muse, hélas ! Qu’as-tu donc ce matin ? Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes, Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint La folie et l’horreur, froides et taciturnes. Le succube verdâtre et le rose lutin T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes ? Le cauchemar, d’un … Lire la suite
Les Phares – Charles Baudelaire
Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer, Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse, Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer ; Léonard de Vinci, miroir profond et sombre, Où des anges charmants, avec un doux souris Tout chargé de … Lire la suite