La Dormeuse – Paul Valéry

Quels secrets dans son coeur brûle ma jeune amie, Ame par le doux masque aspirant une fleur ? De quels vains aliments sa naïve chaleur Fait ce rayonnement d’une femme endormie ? Souffle, songes, silence, invincible accalmie, Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur, Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur Conspirent … Lire la suite­­

Le Sylphe – Paul Valéry

Ni vu ni connu Je suis le parfum Vivant et défunt Dans le vent venu ! Ni vu ni connu, Hasard ou génie ? A peine venu La tâche est finie ! Ni lu ni compris ? Aux meilleurs esprits Que d’erreurs promises ! Ni vu ni connu, Le temps d’un sein nu Entre deux … Lire la suite­­

La gomme coule – Francis Jammes

La gomme coule en larmes d’or des cerisiers. Cette journée, ô ma chérie, est tropicale : Endors-toi donc dans le parterre où la cigale Crie aigrement aux coeurs touffus des vieux rosiers. Dans le salon où l’on causait, hier vous posiez… Mais aujourd’hui nous sommes seuls – Rose Bengale ! Endormez-vous tout doucement dans la … Lire la suite­­

Pourquoi les boeufs – Francis Jammes

Pourquoi les boeufs traînent-ils les vieux chars pesants ? Cela fait pitié de voir leur gros front bombé, leurs yeux qui ont l’air de souffrance de tomber. Ils font gagner le pain aux pauvres paysans. S’ils ne peuvent plus marcher, les vétérinaires les brûlent avec des drogues et des fers rouges. Et puis dans les … Lire la suite­­

Nos Chats – Georges Perec

Amants brûlants d’amour, Savants aux pouls glaciaux Nous aimons tout autant dans nos saisons du jour Nos chats puissants mais doux, honorant nos tripots Qui, sans nous, ont trop froid, nonobstant nos amours. Ami du Gai Savoir, ami du doux plaisir Un chat va sans un bruit dans un coin tout obscur Oh Styx, tu … Lire la suite­­

Sois soumis, mon chagrin – Georges Perec

Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd. Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici : Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs, Ici portant la paix, là-bas donnant souci. Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals, Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour, Va puisant son poison aux … Lire la suite­­

Le Vin perdu – Paul Valéry

J’ai, quelque jour, dans l’Océan, Mais je ne sais plus sous quel cieux Jeté, comme offrande au néant, Tout un peu de vin précieux… Qui voulut ta perte, ô liqueur ? J’obéis peut-être au devin ? Peut-être au souci de mon coeur, Songeant au sang, versant le vin ? Sa transparence accoutumée Après une rose … Lire la suite­­