Dans les instants où je dors,
Jetée au fond des ténèbres,
Je ressens la paix funèbre
D’être une morte, et toi mort.
Mais, hélas ! ô ma merveille,
Toi si débordant, si beau,
Comme brisant un tombeau
Tu revis quand je m’éveille !
Tout mon être en est blessé,
Et, baissant mon front hagard,
Je médite ton regard
Je recommence à penser…
– Au fond des bagnes, sans doute,
Le pauvre forçat écoute,
Sous le soleil dont il meurt,
Une sournoise rumeur…
Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles