Je me taisais, j’avais fait voeu
De ne te jamais reprocher
Ton esprit net, sobre, empêché
De tout élan, de tout aveu;
Mais ce soir où le ciel d’automne
Effeuille un soleil languissant,
Laisse que ma voix s’abandonne
À trahir les secrets du sang:
– Entends-tu, cher coeur sans tendresse,
Chère âme insensible et têtue,
En ce jour où je te confesse
Ma native et fière tristesse,
Combien de fois je me suis tue ?
Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles