J’ai vraiment vécu des jours-tels,
Si longs, si lourds par la souffrance,
Que je songe avec complaisance
Que rien d’humain n’est immortel !
N’être plus! ni moi, ni toi-même !
Oui, ni toi! par qui j’ai connu
L’horreur de craindre ce qu’on aime !
– Ignorer combien tu m’as plu,
Et que tu fus l’homme suprême
Par qui tout autre était exclu,
– Toi dont j’ai baisé le bras nu !…
Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles