Le bonheur d’aimer est si fort,
Étant seul la négation
Du quotidien et de la mort,
Que je n’ai, dans ma passion,
Dans cet amour que je ressens,
Vraiment jamais rien désiré,
Rien attendu, rien espéré,
Que mon désir éblouissant !
Vent pur des nuits suave abondance, moisson !
Flots d’air frais arrachés aux golfes des étoiles,
Espace palpitant qui fais comme une voile
Se gonfler dans mon coeur les rêves et les sons,
Pénétrez dans la chambre ennemie où repose
Le trésor éclatant d’un beau corps soucieux,
Et ramenez vers moi, plus parfait que la rose,
Le bleuâtre parfum qui flotte sur ses yeux !
Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles