Oui, la douceur est toujours feinte
En amour. – Croirais-tu vraiment
Que ce brillant contentement
Ne masquât pas d’amères plaintes ?
Certes tout mon être bénit
Ta vie où j’ai mis l’infini,
Mais, corps charmant, ô coeur de roche,
Toi que j’aime! un constant reproche
Émane de mes yeux séduits.
Quoi! toujours t’admirer, et puis
Toujours, en silence, surprendre
Tes défauts, – et, d’un coeur plus tendre,
Mêlé de louanges, de pleurs,
Te voiler mon humble colère
Ah! réclamais-je ces douleurs ?
– Et de quel droit viens-tu me plaire ?…
Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles