La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis, Et mirent en commun le gain et le dommage. Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris. Vers ses associés aussitôt elle envoie. Eux venus, le lion par ses ongles … Lire la suite
Le Loup et le Chien – Jean de La Fontaine
Un loup n’avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde. L’attaquer, le mettre en quartiers, Sir loup l’eût fait volontiers ; Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille A se défendre … Lire la suite
Les deux Mulets – Jean de La Fontaine
Deux mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé, L’autre portant l’argent de la gabelle. Celui-ci, glorieux d’une charge si belle, N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé. Il marchait d’un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette : Quand l’ennemi se présentant, Comme il en voulait à l’argent, Sur le mulet du fisc une troupe se jette, Le … Lire la suite
La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf – Jean de La Fontaine
Une grenouille vit un Bœuf. Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille, Pour égaler l’animal en grosseur, Disant : " Regardez bien, ma sœur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ? Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. M’y voilà ? – Vous … Lire la suite
Les Grenades – Paul Valéry
Dures grandes entr’ouvertes Cédant à l’excès de vos grains, Je crois voir des fronts souverains Eclatés de leurs découvertes ! Si les soleils par vous subis, O grenades entre-bâillées, Vous ont fait d’orgueil travaillées Craquer les cloisons de rubis, Et que si l’or sec de l’écorce A la demande d’une force Crève en gemmes rouges … Lire la suite
L’Abeille – Paul Valéry
Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n’ai, sur ma tendre corbeille, Jeté qu’un songe de dentelle. Pique du sein la gourde belle, Sur qui l’Amour meurt ou sommeille, Qu’un peu de moi-même vermeille Vienne … la chair ronde et rebelle ! J’ai grand besoin d’un prompt tourment: … Lire la suite
La Dormeuse – Paul Valéry
Quels secrets dans son coeur brûle ma jeune amie, Ame par le doux masque aspirant une fleur ? De quels vains aliments sa naïve chaleur Fait ce rayonnement d’une femme endormie ? Souffle, songes, silence, invincible accalmie, Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur, Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur Conspirent … Lire la suite
Le Sylphe – Paul Valéry
Ni vu ni connu Je suis le parfum Vivant et défunt Dans le vent venu ! Ni vu ni connu, Hasard ou génie ? A peine venu La tâche est finie ! Ni lu ni compris ? Aux meilleurs esprits Que d’erreurs promises ! Ni vu ni connu, Le temps d’un sein nu Entre deux … Lire la suite
La gomme coule – Francis Jammes
La gomme coule en larmes d’or des cerisiers. Cette journée, ô ma chérie, est tropicale : Endors-toi donc dans le parterre où la cigale Crie aigrement aux coeurs touffus des vieux rosiers. Dans le salon où l’on causait, hier vous posiez… Mais aujourd’hui nous sommes seuls – Rose Bengale ! Endormez-vous tout doucement dans la … Lire la suite
Pourquoi les boeufs – Francis Jammes
Pourquoi les boeufs traînent-ils les vieux chars pesants ? Cela fait pitié de voir leur gros front bombé, leurs yeux qui ont l’air de souffrance de tomber. Ils font gagner le pain aux pauvres paysans. S’ils ne peuvent plus marcher, les vétérinaires les brûlent avec des drogues et des fers rouges. Et puis dans les … Lire la suite