Tandis qu’à leurs oeuvres perversesLes hommes courent haletants,Mars qui rit, malgré les averses,Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes,Sournoisement lorsque tout dort,Il repasse des collerettesEt cisèle des boutons d’or. Dans le verger et dans la vigne,Il s’en va, furtif perruquier,Avec une houppe de cygne,Poudrer à frimas l’amandier. La nature au lit se repose … Lire la suite
L’invitation au voyage – Charles Baudelaire
Mon enfant, ma soeur,Songe à la douceurD’aller là-bas vivre ensemble !Aimer à loisir,Aimer et mourirAu pays qui te ressemble !Les soleils mouillésDe ces ciels brouillésPour mon esprit ont les charmesSi mystérieuxDe tes traîtres yeux,Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants,Polis par les ans,Décoreraient notre chambre … Lire la suite
Le Loup et l’Agneau – Jean de La Fontaine
La raison du plus fort est toujours la meilleure :Nous l’allons montrer tout à l’heure.Un Agneau se désaltéraitDans le courant d’une onde pure.Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,Et que la faim en ces lieux attirait.Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?Dit cet animal plein de rage :Tu seras châtié de … Lire la suite
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage – Joachim Du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saisonReverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m’est une province, et beaucoup … Lire la suite
Il pleure dans mon coeur – Paul Verlaine
Il pleure dans mon coeurComme il pleut sur la ville ;Quelle est cette langueurQui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluiePar terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s’ennuie,Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raisonDans ce cœur qui s’écoeure.Quoi ! nulle trahison ?…Ce deuil est … Lire la suite
Mignonne, allons voir si la rose – Pierre de Ronsard
A Cassandre Mignonne, allons voir si la roseQui ce matin avoit descloseSa robe de pourpre au Soleil,A point perdu ceste vespréeLes plis de sa robe pourprée,Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d’espace,Mignonne, elle a dessus la placeLas ! las ses beautez laissé cheoir !Ô vrayment marastre Nature,Puis qu’une telle … Lire la suite
Le dormeur du val – Arthur Rimbaud
C’est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD’argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,Pâle … Lire la suite
Demain, dès l’aube – Victor Hugo
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et … Lire la suite
A George Sand (VI) – Alfred de Musset
Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j’avais pour tout bien. Va chercher d’autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; … Lire la suite
A George Sand (V) – Alfred de Musset
Toi qui me l’as appris, tu ne t’en souviens plus De tout ce que mon cœur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l’a ravieEt cet amour si doux, qui faisait sur la … Lire la suite