Dédain de Psappha – Renée Vivien

Vous qui me jugez, vous n’êtes rien pour moi. J’ai trop contemplé les ombres infinies. Je n’ai point l’orgueil de vos fleurs, ni l’effroi De vos calomnies. Vous ne saurez point ternir la pitié De ma passion pour la beauté des femmes, Changeantes ainsi que les couchants d’été, Les flots et les flammes. Rien ne … Lire la suite­­

Je pleure sur toi – Renée Vivien

Le soir s’est refermé, telle une sombre porte, Sur mes ravissements, sur mes élans d’hier… Je t’évoque, ô splendide ! ô fille de la mer ! Et je viens te pleurer comme on pleure une morte. L’air des bleus horizons ne gonfle plus tes seins, Et tes doigts sans vigueur ont fléchi sous les bagues. … Lire la suite­­

Le Pilori – Renée Vivien

Pendant longtemps, je fus clouée au pilori, Et des femmes, voyant que je souffrais, ont ri. Puis, des hommes ont pris dans leurs mains une boue Qui vint éclabousser mes tempes et ma joue. Les pleurs montaient en moi, houleux comme des flots, Mais mon orgueil me fit refouler mes sanglots. Je les voyais ainsi, … Lire la suite­­

Sans fleurs à votre front – Renée Vivien

Vous n’avez point voulu m’écouter mais qu’importe ? O vous dont le courroux vertueux s’échauffa Lorsque j’osai venir frapper à votre porte, Vous ne cueillerez point les roses de Psappha. Vous ne verrez jamais les jardins et les berges Où résonna l’accord puissant de son paktis, Et vous n’entendrez point le chœur sacré des vierges, … Lire la suite­­

En débarquant à Mytilène – Renée Vivien

Du fond de mon passé, je retourne vers toi, Mytilène, à travers les siècles disparates, T’apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi, Et mon amour, ainsi qu’un présent d’aromates Mytilène, à travers les siècles disparates, Du fond de mon passé, je retourne vers toi. Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes, Et ton … Lire la suite­­

Vous pour qui j’écrivis – Renée Vivien

Vous pour qui j’écrivis, ô belles jeunes femmes ! Vous que, seules, j’aimais, relirez-vous mes vers Par les futurs matins neigeant sur l’univers, Et par les soirs futurs de roses et de flammes ? Songerez-vous, parmi le désordre charmant De vos cheveux épars, de vos robes défaites : Cette femme, à travers les sanglots et … Lire la suite­­

L’amour borgne – Renée Vivien

Je t’aime de mon œil unique, je te lorgne Ainsi qu’un chinois l’opium : Je t’aime de mon amour borgne, Fille aussi blanche qu’un arum. Je veux tes paupières de bistre, Et ta voix plus lente qu’un sistre ; Je t’aime de mon œil sinistre Où luit la colère du rhum. Je te suis du … Lire la suite­­

Les Solitaires – Renée Vivien

Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls Goûtent la volupté divine d’être seuls. Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples, De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples. Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls Savent la volupté divine d’être seuls. Ils contemplent l’aurore et l’aspect de la … Lire la suite­­

Union – Renée Vivien

Notre cœur est semblable en notre sein de femme, Très chère ! Notre corps est pareillement fait. Un même destin lourd a pesé sur nos âmes, Nous nous aimons et nous sommes l’hymne parfait. Je traduis ton sourire et l’ombre sur ta face. Ma douceur est égale à ta grande douceur, Parfois même il nous … Lire la suite­­

Réconciliées – Renée Vivien

Mon éternel amour, te voici revenue. Voici contre ma chair, ta chair brûlante et nue. Et je t’aime, et j’ai tout pardonné, tout compris ; Tu m’as enfin rendu ce que tu m’avais pris. J’oublie en tes doux bras qu’il fut des jours haïs, Que tu m’abandonnas et que tu me trahis. Qu’importe si jadis … Lire la suite­­